Lundi de la 1ère semaine de carême

 

Oraison - Convertissez-nous, ô Dieu, notre Sauveur ; et, afin que le jeûne du Carême nous soit utile, instruisez nos âmes au moyen de célestes enseignements.

Epitre du Prophète Ezéchiel (Ez XXXIV, 11-16) - Ainsi parle le Seigneur Dieu : Me voici ; je veux moi-même prendre souci de mes brebis, et je les passerai en revue. Comme un pasteur passe en revue son troupeau, au jour où il se trouve au milieu de ses brebis éparses, ainsi je passerai en revue mes brebis, et je les retirerai de tous les lieux où elles ont été dispersées, en un jour de nuages et de ténèbres. Je les ferai sortir du milieu des peuples, et je les rassemblerai des divers pays ; je les ramènerai sur leur sol, et je les ferai paître sur les montagnes d’Israël, dans les vallées et dans tous les lieux habités du pays. Je les ferai paître dans de bons pâturages, et leur bercail sera sur les hautes montagnes d’Israël ; là elles reposeront dans un bon bercail, et elles paîtront dans un gras pâturage, sur les montagnes d’Israël. Moi je paîtrai mes brebis, moi, je les ferai reposer, dit le Seigneur Dieu. Je chercherai celle qui était perdue, je ramènerai celle qui était égarée, je panserai celle qui est blessée, et je fortifierai celle qui est malade ; celle qui est grasse et celle qui est forte, je la garderai ; je les paîtrai avec justice.

Saint Evangile selon Saint Matthieu (Mt XXV, 31-46) - En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, il s’assiéra alors sur son trône de gloire, et toutes les nations seront rassemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis d’avec les boucs, et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père : prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; j’ai été malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus à moi. » Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, et vous avons-nous donné à manger ; avoir soif, et vous avons-nous donné à boire ? Quand vous avons-nous vu étranger, et vous avons-nous recueilli ; nu, et vous avons-nous vêtu ? Quand vous avons-nous vu malade ou en prison, et sommes-nous venus à vous ? » Et le Roi leur répondra : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : « Allez-vous-en loin de moi, les maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. » Alors eux aussi lui répondront : « Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, ou avoir soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne vous avons-nous pas assisté ? » Alors il leur répondra : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » Et ceux-ci s’en iront au supplice éternel, et les justes à la vie éternelle.

Oraison sur le peuple - Nous vous en supplions, Seigneur, brisez les liens dont nous charge nos fautes, et détournez miséricordieusement de nous ce que nous avons mérité pour elles.

Leçon de saint Augustin (Liber de fide et operibus c.15, t.4) - Si l’on peut, sans garder les commandements, parvenir à la vie, par la seule foi qui « sans les œuvres est morte », comment alors le Seigneur dira-t-il avec vérité à ceux qu’il placera à sa gauche : « Allez-vous-en dans le feu éternel préparé pour Satan et ses anges » ? Il ne leur reproche pas de n’avoir pas cru en lui mais de n’avoir pas accompli de bonnes œuvres. Car de peur que l’on se promette la vie éternelle par la foi qui sans les œuvres est morte, il a dit qu’il séparerait toutes les nations qui paissent mêlées dans les mêmes pâturages. De la sorte, il sera manifeste que ceux qui alors lui diront : « Seigneur quand est-ce que nous t’avons vu souffrir en tel ou tel cas et que nous ne t’avons pas servi ? » seront ceux-là mêmes qui, tout en croyant en lui, ne se sont guère souciés d’accomplir des bonnes œuvres, comme si l’on pouvait, par une foi morte, parvenir à la vie éternelle !

Dirons-nous de ceux qui n’ont pas pratiqué les œuvres de miséricorde qu’ils iront au feu éternel, tandis que là n’iraient pas ceux qui ont volé le bien d’autrui, ou bien ceux qui ont profané en eux le temple de Dieu et ont été ainsi sans miséricorde envers eux-mêmes ? Comme si les œuvres de miséricorde pouvaient avoir quelque utilité sans l’amour ! L’Apôtre le dit : « Quand je distribuerais tous mes biens pour nourrir les pauvres, si je n’ai pas la charité, je n’y gagne rien. » Ou bien pourrait-il aimer son prochain comme lui-même, celui qui ne s’aime pas lui-même ! Oui, « qui aime l’iniquité déteste son âme »

Et qu’ici nul ne dise, comme le font quelques-uns qui s’illusionnent eux-mêmes, que si le feu est dit éternel, le châtiment, lui, ne l’est pas ! Voici leur pensée : ceux auxquels ils promettent le salut comme à travers le feu, passeront certes par ce feu éternel en châtiment de leur foi morte. Mais tout éternel que soit ce feu, leur brûlure à eux, c’est-à-dire l’action du feu, ne sera pas éternelle pour eux. Le Seigneur, en tant qu’il est Seigneur, prévoyait cette objection même aussi donne-t-il à sa sentence ces mots comme conclusion : « Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » Elle sera donc éternelle, comme le feu, la brûlure et là s’en iront, dit la Vérité, tous ceux dont elle a montré clairement que leur manquaient, non la foi, mais les bonnes œuvres.

 

Commentaire de Dom Guéranger

Chacune des féries du Carême a sa Messe propre, au lieu que, dans les féries de l’Avent, on répète simplement la Messe du Dimanche précèdent. Cette richesse de la Liturgie dans la sainte Quarantaine nous aide puissamment à entrer dans la pensée de l’Église, en multipliant l’expression des sentiments qu’elle veut nous inspirer. Nous extrairons de chacune de ces Messes fériales la Collecte, qui est toujours la prière la plus solennelle, l’Épître, l’Évangile et l’Oraison qui se dit sur le peuple à la fin de la Messe. Cet ensemble renferme la plus solide instruction, et nous fait passer en revue tout ce que les saintes Écritures contiennent de plus substantiel et de plus convenable au temps où nous sommes.

A Rome, la Station est aujourd’hui dans l’Église de Saint-Pierre-aux-Liens. Bâtie au Ve siècle par l’impératrice Eudoxie, femme de Valentinien III, elle garde avec honneur les chaînes du Prince des Apôtres. Nous aurons occasion de parler encore de cette Basilique au 1er août, lorsque le Cycle nous ramènera la fête de saint Pierre délivré de prison.

Sur l’Epître - Le Seigneur nous apparaît ici sous les traits d’un Pasteur plein de tendresse pour ses brebis : c’est en effet ce qu’il est pour les hommes, en ces jours de miséricorde et de pardon. Une partie de son troupeau s’était égarée et dispersée, au milieu des ténèbres de ce monde ; mais Jésus n’a point oublié ses brebis. Il s’est mis en marche pour les aller chercher et les réunir. Il n’est point de désert si écarté, point de montagne si abrupte, point de hallier si épineux, qu’il ne visite pour les retrouver. Il fait entendre à toutes sa voix par celle de la sainte Église qui les convie au retour ; et dans la crainte qu’elles ne se troublent à cause de leurs égarements, et qu’elles ne soient inquiètes de reparaître devant lui, il daigne les rassurer. Qu’elles reviennent seulement, qu’elles se laissent trouver ; et les plus doux pâturages sont pour elles, au bord des eaux, sur l’herbe la plus verdoyante, sur des montagnes pleines de délices. Elles sont blessées, le divin Pasteur bandera leurs plaies ; elles sont faibles, il les rendra fortes. Il les réunira aux brebis fidèles qui ne l’avaient pas quitté, et il demeurera toujours avec elles. Que le pécheur se laisse donc enfin fléchir à la vue de tant de bonté, et qu’il ne craigne plus les efforts qu’il lui faut faire pour se rapprocher du Seigneur son Dieu. Le retour lui semble pénible, l’expiation effraie sa faiblesse ; qu’il se rappelle les jours où il habitait dans la sécurité du bercail, sous l’œil du plus tendre Pasteur ; ces jours peuvent renaître pour lui. La porte de la bergerie est ouverte ; de nombreuses brebis, naguère égarées, s’y précipitent remplies de joie et de confiance ; qu’il les suive, et qu’il se rappelle « qu’il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence ».

Sur l’Evangile - Tout à l’heure, un Prophète de l’Ancien Testament nous invitait de la part de Dieu à répondre aux avances du Pasteur de nos âmes ; le Seigneur épuisait tous les moyens de sa tendresse pour faire naitre dans le cœur de ses brebis égarées le désir de se rallier autour de lui ; et voici que la sainte Église, le même jour où elle nous a montré ce grand Dieu sous les traits d’un Pasteur si compatissant, nous le découvre sous l’aspect terrible d’un juge que rien ne saurait fléchir. Comment le caractère si débonnaire de notre Sauveur, du charitable médecin de nos âmes, s’est-il ainsi transformé ? « Retirez-vous de moi, maudits ; allez au feu éternel ! » et c’est dans l’Évangile même, dans le code de la loi de l’amour, que l’Église a trouvé ce formidable récit. Cependant, pécheur, ne vous y trompez pas ; lisez attentivement, et vous reconnaîtrez avec épouvante en celui qui prononce cet affreux anathème, le même Dieu dont le Prophète vous a décrit la miséricorde, la patience, le zèle pour toutes ses brebis. Sur son tribunal, il porte encore les traits d’un Pasteur : voyez, il sépare les brebis des boucs ; il place les unes à sa droite, les autres à sa gauche ; c’est toujours d’un troupeau qu’il s’agit. Le Fils de Dieu veut remplir la charge de berger jusqu’au dernier jour. Mais les conditions sont changées ; il n’y a plus de temps, l’éternité ouvre ses profondeurs ; le règne de la justice commence : justice qui accorde aux amis de Dieu la récompense promise ; justice qui précipite le pécheur impénitent dans l’abîme sans fond. Il serait trop tard alors de songer à la pénitence ; elle n’a lieu que dans le temps, et le temps n’est plus. Comment le chrétien qui sait que nous devons tous nous trouver réunis au pied de ce tribunal, hésite-t-il à se rendre aux invitations de l’Église qui le presse de satisfaire pour ses péchés ? Comment dispute-t-il à Dieu la faible expiation dont sa miséricorde veut bien encore se contenter aujourd’hui ? En vérité, l’homme est à lui-même son plus cruel ennemi, lorsqu’il écoute avec insensibilité cette parole de son Sauveur présent, de son Juge à venir : « Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous ».

Terminons cette journée, en récitant cette belle Hymne composée par saint Grégoire le Grand, et que l’Église emploie, dans le Carême, à l’Office des Matines :

« Instruits par une tradition mystérieuse, gardons avec soin ce jeûne célèbre qui parcourt le cercle de quarante journées.

« La Loi, d’avance, et les Prophètes en ont jadis montré le sens ; le Christ enfin l’a consacré, lui, des temps le Maître et le Roi.

« Servons-nous plus discrètement du parler, du manger, du boire, du sommeil, des jeux, et restons en éveil contre le péché.

« Apprenons à parer les coups qui guettent l’homme inattentif ; ne donnons pas prise à la ruse de notre mortel ennemi.

« Apaisons par notre regret la juste colère du Juge, prions comme des suppliants, disons avec humilité :

« Seigneur, nous avons insulté votre bonté par nos offenses ; du ciel faites venir sur nous votre indulgence et vos pardons.

« Souvenez-vous de vos travaux. Car, tombés nous restons votre œuvre. Veuillez ne pas céder à l’Autre la gloire due à votre Nom.

« Ôtez le mal que nous faisons, aidez au bien que nous voulons, pour que nous plaisions à vos yeux aujourd’hui et dans tous les temps.

« Exaucez-nous, Trinité bienheureuse, accordez-nous, Unité simple, que soit profitable à vos fidèles le bienfait du jeûne. Amen. »

 

Catéchisme de St Pie X

V-4. Les œuvres de miséricorde.

941. Quelles sont les bonnes œuvres dont il nous sera demandé un compte particulier au jour du jugement ?

Les bonnes œuvres dont il nous sera demandé un compte particulier au jour du jugement sont les œuvres de miséricorde.

942. Qu’entend-on par œuvre de miséricorde ?

L’œuvre de miséricorde est celle par laquelle on secourt les besoins spirituels ou corporels du prochain.

943. Quelles sont les œuvres de miséricorde corporelle ?

Les œuvres de miséricorde corporelle sont : donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, abriter les étrangers, visiter les infirmes, visiter les prisonniers, ensevelir les morts.

944. Quelles sont les œuvres de miséricorde spirituelle ?

Les œuvres de miséricorde spirituelle sont : conseiller ceux qui en ont besoin, instruire les ignorants, exhorter les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

I-8. Le septième article du Symbole des Apôtres.

125. Que nous enseigne le septième article : « d’où il viendra juger les vivants et les morts » ?

Le septième article du Credo nous enseigne qu’à la fin du monde Jésus-Christ, plein de gloire et de majesté, viendra du ciel pour juger tous les hommes, bons et mauvais, et pour donner à chacun la récompense ou le châtiment qu’il aura mérité.

126. Si chacun, aussitôt après la mort, doit être jugé par Jésus-Christ dans le jugement particulier, pourquoi devons-nous tous être jugés dans le jugement général ?

Nous devons tous être jugés dans le jugement général pour plusieurs raisons :

• pour la gloire de Dieu ;

• pour la gloire de Jésus-Christ ;

• pour la gloire des saints ;

• pour la confusion des méchants ;

• enfin pour que le corps ait avec l’âme la sentence de récompense ou de châtiment.

127. Au jugement général, comment sera manifestée la gloire de Dieu ?

Au jugement général, la gloire de Dieu sera manifestée parce que tous connaîtront avec quelle justice Dieu gouverne le monde, bien que parfois maintenant on voit les bons dans l’affliction et les méchants dans la prospérité.

128. Au jugement général, comment sera manifestée la gloire de Jésus-Christ ?

Au jugement général, la gloire de Jésus-Christ sera manifestée parce qu’après avoir été injustement condamné par les hommes, il paraîtra alors à la face de tous comme le Juge suprême de tous les hommes.

129. Au jugement général, comment sera manifestée la gloire des saints ?

Au jugement général, la gloire des saints sera manifestée parce que beaucoup d’entre eux qui moururent méprisés par les méchants seront glorifiés en présence de tout le monde.

130. Au jugement général, quelle sera la confusion pour les méchants ?

Au jugement général, la confusion des méchants sera très grande, surtout pour ceux qui opprimèrent les justes et pour ceux qui cherchèrent pendant leur vie à être estimés des hommes vertueux et bons, parce qu’ils verront manifestés à tout le monde les péchés qu’ils commirent, même les plus secrets.