Textes pour la fête de St Joseph, époux de la bienheureuse Vierge Marie, confesseur
Oraison
Faites Seigneur, que les mérites de l’Époux de votre Mère
très sainte nous viennent en aide ; afin que les grâces que nous ne
pouvons obtenir par nous-mêmes nous soient accordées par son intercession.
Epitre du livre de l’Ecclésiastique (Eccli XLV, 1-6) ;
Il a été aimé de Dieu et des hommes ; sa mémoire est en
bénédiction. Le Seigneur lui a donné une gloire égale à celle des saints ;
il l’a rendu grand et redoutable à ses ennemis, et il a fait cesser les
prodiges par ses paroles. Il l’a glorifié en présence des rois, il lui a donné
ses ordres devant son peuple, et lui a montré sa gloire. Il l’a sanctifié dans
sa foi et dans sa douceur, et il l’a choisi entre tous les hommes. Il l’a
écouté et a entendu sa voix, et il l’a fait entrer dans la nuée. Il lui a donné
ses préceptes face à face, et la loi de la vie et de la science.
Saint Evangile selon saint Mathieu (I, 18-21) ;
Marie, la mère de Jésus, ayant été fiancée à Joseph, il se
trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu
du Saint-Esprit. Joseph, son mari, qui était juste et ne voulait pas la
diffamer, se proposa de la répudier secrètement. Comme il était dans cette
pensée, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, et lui dit : « Joseph,
fils de David, ne craint point de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui
est conçu en elle est du Saint-Esprit. Et elle enfantera un fils, et tu lui
donneras pour nom Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés. »
Leçon de saint Jérôme ;
Pourquoi n’est-ce pas seulement par une vierge, mais par une
fiancée, qu’il est conçu ? D’abord, afin que par la généalogie de Joseph,
celle de Marie fût constatée ; en second lieu, de peur qu’elle ne fût
lapidée par les Juifs comme adultère ; en troisième lieu, pour que,
fugitive en Égypte, elle eût un soutien en la personne de Joseph. Le Martyr
saint Ignace ajoute une quatrième raison ; S’il est conçu par une fiancée,
c’est, dit-il, pour cacher cet enfantement au démon, qui le croira le fruit,
non d’une vierge, mais d’une épouse.
« Avant qu’ils vinssent ensemble, il fut découvert qu’elle
avait conçu du Saint-Esprit ». Personne ne le découvrit, sinon saint
Joseph, aux regards duquel ne pouvait échapper rien de ce qui concernait sa
future épouse. Quand il est dit : « Avant qu’ils vinssent ensemble »,
il ne s’ensuit pas qu’ils se soient unis plus tard : l’Écriture constate
ce qui n’avait pas eu lieu.
Mais Joseph, qui était un homme juste et ne voulait point la
dénoncer, songea à la renvoyer sans éclat. « Si quelqu’un s’unit à une
femme de mauvaise vie, il devient un même corps avec elle », et il est
marqué dans la loi que non seulement ceux qui commettent le crime, mais les
complices eux-mêmes du crime sont coupables. Comment donc Joseph, cachant le
crime de son épouse, est-il appelé juste ? Mais c’est un témoignage en
faveur de Marie ; car Joseph connaissant sa chasteté, et plein d’admiration
pour ce qui se passe, cache, sous le voile du silence, l’événement dont il ne
comprend point le mystère.
Lecture du livre de la Genèse (XXXIX, 1-5 ; XLI, 37-44) ;
Joseph fut donc mené en Égypte, et Putiphar, égyptien,
eunuque de Pharaon et chef de l’armée, l’acheta de la main des Ismaélites par
lesquels il avait été amené. Et le Seigneur fut avec lui, et c’était un homme
prospérant en toutes choses : il demeura dans la maison de son maître, qui
connaissait très bien que le Seigneur était avec lui, et que tout ce qu’il
faisait, le Seigneur le dirigeait entre ses mains. Ainsi Joseph trouva grâce
devant son maître, et il le servait ; préposé par lui à toutes choses, il
gouvernait la maison qui lui était confiée, et tout ce qui avait été remis à
ses soins. Et le Seigneur bénit la maison de l’Égyptien à cause de Joseph.
Le conseil de Joseph plut à Pharaon et à tous ses
ministres ; et il leur demanda : Pourrons-nous trouver un tel homme
qui soit plein de l’esprit de Dieu ? Il dit donc à Joseph : Puisque
Dieu t’a montré tout ce que tu as dit, pourrai-je trouver quelqu’un plus sage
que toi, et même semblable à toi ? C’est toi qui seras sur ma maison, et
au commandement de ta bouche, tout le peuple obéira : et c’est par le
trône royal seulement que j’aurai sur toi la préséance.
Pharaon dit encore à
Joseph : Voici que je t’établis sur toute la terre d’Égypte. Et il ôta
l’anneau de sa main, et le mit à la main de Joseph : il le revêtit aussi
d’une robe de fin lin, et lui mit autour du cou un collier d’or. Il le fit
monter sur son second char, un héraut criant que tous devant lui fléchissent le
genou, et sussent qu’il était préposé sur toute la terre d’Égypte. Le roi dit
aussi à Joseph : Moi je suis Pharaon, mais sans ton commandement nul ne
remuera la main ou le pied dans toute la terre d’Égypte.
Leçon de saint Bernard ;
Quel homme fut le bienheureux Joseph, vous pouvez vous en
faire idée d’après le titre dont il a mérité d’être honoré, le Seigneur ayant voulu
qu’on l’appelât et qu’on le crût père du Fils de Dieu, titre qui n’est vrai
cependant, qu’au sens de nourricier. Jugez-en aussi d’après son propre nom
qu’on interprète, vous le savez, par accroissement. Rappelez-vous, en même
temps, le grand Patriarche qui fut autrefois vendu en Égypte ; et sachez
que non seulement celui-ci a été l’héritier de son nom, mais qu’il eut encore
sa chasteté, son innocence et sa grâce.
Si ce Joseph, vendu par l’envie de ses frères et conduit en
Égypte, préfigura le Christ qui devait être vendu, lui aussi, saint Joseph
fuyant la haine d’Hérode porta le Christ en Égypte. Le premier, pour demeurer
fidèle à son maître, refusa de consentir à la passion de la maîtresse de
maison ; le second, reconnaissant une Maîtresse (sainte) dans la vierge
devenue mère de son Maître (divin) vécut aussi dans la continence et se montra
son fidèle gardien. A l’un fut donnée l’intelligence des songes
mystérieux ; à l’autre, il a été accordé d’être le confident des mystères
célestes, et d’y coopérer pour sa part.
L’un a mis du blé en réserve, non pour lui, mais pour tout
un peuple ; l’autre a reçu la garde du pain du ciel, tant pour lui que
pour le monde entier. On ne peut douter que ce Joseph à qui fut fiancée la mère
du Sauveur, n’ait été un homme bon et fidèle. C’est, dis-je, le serviteur
fidèle et prudent que le Seigneur a établi (sur sa famille), pour être le
consolateur de sa mère, le nourricier de son enfance, enfin le seul et très
digne coopérateur, ici-bas, de l’accomplissement de son grand dessein.