Textes du Jeudi de la 3ème semaine de carême
Oraison
Qu’elle vous glorifie, Seigneur, la solennité de vos saints
Côme et Damien, solennité bienheureuse où vous leur avez donné la gloire
éternelle, et nous avez secourus par votre ineffable providence.
Epitre du Prophète Jérémie (Jér VII, 1-7) ;
En ces jours-là, la parole du Seigneur me fut adressée en
ces termes : Tiens-toi à la porte de la maison du Seigneur, et là proclame
cette parole, et dis : Écoutez la parole du Seigneur, vous tous, habitants
de Juda, qui entrez par ces portes pour adorer le Seigneur. Voici ce que dit le
Seigneur des armées, le Dieu d’Israël : Redressez vos voies et vos
penchants, et j’habiterai avec vous dans ce lieu. Ne vous fiez pas à des
paroles de mensonge, en disant : C’est ici le temple du Seigneur, le
temple du Seigneur, le temple du Seigneur ! Car si vous dirigez bien vos
voies et vos penchants, si vous rendez justice à l’un comme à l’autre, si vous
ne faites pas violence à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, si vous ne
répandez pas en ce lieu le sang innocent, et si vous n’allez pas après les
dieux étrangers, pour votre malheur, je demeurerai avec vous de siècle en
siècle dans ce lieu, sur cette terre que j’ai donnée à vos pères, d’âge en âge,
dit le Seigneur tout-puissant.
Saint Evangile selon Saint Luc (Lc IV, 38-44) ;
En ce temps-là, Jésus, étant sorti de la synagogue, entra
dans la maison de Simon. Or la belle-mère de Simon était retenue par une forte
fièvre ; et ils le prièrent pour elle. Alors, debout, auprès d’elle, il
commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta. Et se levant aussitôt, elle les
servait. Lorsque le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des malades
atteints de diverses maladies les lui amenaient. Et lui, imposant les mains sur
chacun d’eux, les guérissait. Et les démons sortaient d’un grand nombre, criant
et disant : Vous êtes le Fils de Dieu. Mais il les menaçait, et il ne leur
permettait pas de dire qu’ils savaient qu’il était le Christ. Lorsqu’il fut
jour, il sortit, et alla dans un lieu désert ; et les foules le
cherchaient ; et elles vinrent jusqu’à lui, et elles voulaient le retenir,
de peur qu’il ne les quittât. Il leur dit : il faut que j’annonce aussi
aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu ; car c’est pour
cela que j’ai été envoyé. Et il prêchait dans les synagogues de Galilée.
Leçon de saint Ambroise ;
Voyez la clémence du Seigneur notre Sauveur. Il ne délaisse
pas la Judée, ému d’indignation, ni offensé par le crime, ni révolté par l’injustice ;
au contraire, il oublie les torts et ne songe qu’à la clémence. Tour à tour
enseignant, délivrant, guérissant, il veut surtout attendrir le cœur de ce
peuple infidèle. Avec raison saint Luc mentionne d’abord l’homme délivré de l’esprit
mauvais et raconte ensuite la guérison d’une femme. Car le Seigneur était venu
pour soigner l’un et l’autre sexe ; mais il fallait d’abord guérir celui
qui fut créé le premier sans laisser de côté celle qui avait péché plutôt par
légèreté d’esprit que par dépravation.
C’est le jour du Sabbat que le Seigneur commence son œuvre
de guérison : ainsi la nouvelle création commence là où l’ancienne s’était
arrêtée et, dès le début, il est manifeste que le Fils de Dieu n’est pas soumis
à la loi, mais au-dessus d’elle, qu’il ne détruit pas la loi, mais l’accomplit.
Car le monde a été fait non par la loi, mais par le Verbe. Nous lisons : « Par
le Verbe du Seigneur les cieux ont été affermis. » La loi n’est donc pas
détruite, mais accomplie, afin de renouveler l’homme jadis déchu. Aussi l’Apôtre
dit : « Dépouillant le vieil homme, revêtez-vous du nouveau, qui a
été créé selon Dieu. »
Aussi bien le Sauveur commence-t-il le jour du Sabbat :
il montre ainsi qu’il est le Créateur qui entrelace les œuvres dans la trame
des œuvres et poursuit l’ouvrage qu’il a lui-même commencé. Comme le
constructeur qui entreprend de réparer une maison ne commence point par démolir
ce qui est délabré dans les fondations, mais bien ce qui est caduc dans la
toiture. Il met donc d’abord la main là où il s’était autrefois arrêté ;
par conséquent il commence par les choses moindres pour en venir aux plus
grandes. Délivrer du démon, même des hommes le peuvent, mais par le Verbe de
Dieu ; commander aux morts de ressusciter n’appartient qu’à la seule
puissance divine. Sous la figure de cette femme, la belle-mère de Pierre et d’André,
peut-être était-ce notre chair qui souffrait des fièvres variées des péchés et
s’enflammait de convoitises immodérées ? La fièvre de ta passion n’est pas
moindre, dirais-je, que celle de la température. Cette fièvre-là brûle l’âme, l’autre
le corps. Car notre fièvre, c’est l’avarice ; notre fièvre, c’est la
débauche ; notre fièvre, c’est la luxure ; notre fièvre, c’est l’ambition ;
notre fièvre, c’est la colère.