Une conversion fulgurante par l'intercession de Marie

 

150° Anniversaire de la Commune 

             
par Jean-Pierre J. Lafon

 

Quand on a prié et honoré la Sainte-Vierge elle s’en souvient! C’est ce dont témoigne l’histoire extra-ordinaire, au sens propre du terme, que relatent ces quelques lignes à propos des épisodes sanglants de la Commune de Paris (et quelques lieux en France) et la ville de Montpellier.
 
En 1835 nait à Roanne, dans le Forez, Louise Félicie Gimet, fille de Louis Gimet et de Marie Vincent. Elevée dans la religion catholique, elle nourrit une grande dévotion pour la Vierge Marie, à tel point qu’entendant un jour à Lyon un jeune homme parler en termes vulgaires de ND de Fourvières, elle lui répond par une violente gifle !
 
Mais cela ne va pas durer et son comportement va adopter un détour pernicieux. Dès sa majorité, elle mène une vie désordonnée. Par exemple, elle se rend à Ars pour défier le curé dont on dit qu’il devine les âmes. Effectivement, celui ci lui prédit « Malheur à vous ! Vous ferez beaucoup de mal ! Mais Notre Seigneur, dans Sa miséricorde, aura pitié de vous. Vous vous convertirez grâce à cette dévotion que vous conservez pour sa divine Mère » et cela commence rapidement, par son initiation dans un groupe anticlérical et une aversion prononcée pour les prêtres.
 
Au moment où éclate la Commune, en mars 1871, elle est à `Paris. Anarchiste, armée de fusils, vêtue d’un képi à trois galons, ceinture rouge, hautes bottes et grand sabre, elle entraîne, sous le nom de « Capitaine Pigerre », à sa suite un bataillon de jeunes femmes insurgées et armées, 
 
En avril 1871, l’archevêque de Paris, Mgr Darboy est arrêté avec des prêtres, des religieux, des laïques, accusés de complicité avec le gouvernement de Thiers, réfugié à Versailles, et jetés en prison. 
 
Le 21 mai, l’armée des fédérés entre dans Paris,. Les 6 principaux otages sont extraits de la prison de la Grande-Roquette : Mgr Darboy, archevêque, le président Bonjean, les abbés Deguerry et Allard, deux jésuites, les Pères Clerc et Ducoudray, sont alignés contre le mur. Le capitaine Pigerre demande à commander le peloton d’exécution. Le bruit courra même qu’elle-donnera le coup de grâce à l’archevêque d’une balle dans la tête. 
 
Elle avouera plus tard avoir abattu ce jour-là 13 prêtres et avoir commandé le massacre de la rue Haxo le 26 mai 1871, dans les derniers spasmes de l’insurrection parisienne, où.50 otages dont 24 ecclésiastiques parmi lesquels le père Pierre Olivaint. Ce religieux, qui sous l’uniforme devinait une femme, lui aurait dit : « Madame, ce costume ne vous sied point. ». La résistance persiste mais les communards sont massacrés au Panthéon et des civils exécutés pour en avoir hébergés. : 147 communards sont fusillés au mur des Fédérés. Louise est prise les armes à la main sur une barricade. 
 
C’est la fin de la Commune de Paris et la première partie de la prédiction du Curé d’Ars s’est réalisée. 
 
Louise Gimet condamnée à mort est transférée à la prison de femmes de Saint-Lazare avec la pétroleuse Louise Michel, condamnée à la déportation. Mère Marie-Eléonore, Supérieure de la Congrégation des sœurs des Prisons de l’ordre de Saint-Joseph, sauve Louise en lui obtenant un sursis et dépose dans sa cellule le recueil des sermons prêchés par sa victime, le R. P. Olivaint. Louise consent à réfléchir sur son passé et souhaite se rendre sur la tombe du Père. 
 
Deux ans seront nécessaires pour « juger » toutes les personnes arrêtées. Louise est graciée,  confiée à la surveillance des Soeurs de Saint-Joseph et transférée au refuge pénitentiaire de Doullens. Sa conduite redevient exemplaire. 
 
La Mère, appelée à diriger le centre de la Solitude de Nazareth à Montpellier fondé par le Père Coural en 1842 pour recevoir les détenues libérées et les filles repenties, propose à Louise de l’y suivre. 
 
Vers 1873, Louise commence une nouvelle existence de piété. Les sœurs aux voiles noirs soulignés d’un trait d’azur initient les filles repenties à des travaux de broderie et de lingerie: la rédemption par le travail est obligatoire dans l’établissement. Louise devient couturière. A l’amnistie de 1880, sa peine expirée, Louise demande à rester. Elle prononce ses vœux de « Fille de Marie » en 1890. Repentante et convertie, transformée à fond, l’ancienne communarde porte la médaille de la Sainte Vierge ostensiblement sur son cœur, se fait remarquer pour sa dévotion : elle sollicite comme une faveur de ne pas quitter les mourants et leur parler jusqu’à la fin des divins pardons. La seconde prophétie du curé d’Ars se réalise
 

Sur son lit de mort, en 1893, on lui demande si elle a peur du jugement de Dieu, elle répond : « Je me suis jetée tout entière dans les bras de Sa miséricorde. Qu’ai-je à craindre ?... ». 

Elle est inhumée au cimetière Saint-Lazare de Montpellier, mais sa sépulture a été reprise.