Vendredi de la Passion (de la 5ème semaine de carême)
Epitre (Jér XVII, 13-18) ;
En ces jours-là, Jérémie dit : Seigneur, tous ceux qui
vous abandonnent seront confondus ; ceux qui se retirent de vous seront
écrits sur la terre, parce qu’ils ont abandonné le Seigneur, la source des eaux
vives. Guérissez-moi, Seigneur, et je serai guéri ; sauvez-moi, et je
serai sauvé, car vous êtes ma gloire. Voici qu’ils me disent : Où est la
parole du Seigneur ? Qu’elle s’accomplisse. Et moi je n’ai pas été troublé
en vous suivant comme mon pasteur, et je n’ai pas désiré le jour de l’homme,
vous le savez : ce qui est sorti de mes lèvres a été droit devant vous. Ne
soyez pas pour moi un sujet d’effroi vous qui êtes mon espérance au jour de l’affliction.
Que ceux qui me persécutent soient confondus, et que je ne sois pas confondu
moi-même ; qu’ils aient peur, et que je n’aie pas peur ; faites venir
sur eux le jour du malheur, et brisez-les d’un double brisement, ô Seigneur
notre Dieu.
Saint Evangile selon Saint Jean (Jn XI, 47-54) ;
En ce temps-là, les Pontifes et les Pharisiens assemblèrent
le conseil contre Jésus et ils disaient : Que ferons-nous ? Car cet
homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons agir ainsi, tous croiront
en lui, et les Romains viendront, et ruineront notre ville et notre nation.
Mais l’un d’eux, nommé Caïphe, qui était le grand-prêtre de cette année-là,
leur dit : Vous n’y entendez rien, et vous ne réfléchissez pas qu’il vaut
mieux pour vous qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière
ne périsse point. Or il ne dit pas cela de lui-même, mais, étant grand-prêtre
cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation, et non
seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps les
enfants de Dieu qui étaient dispersés. A partir de ce jour, ils pensaient donc
à le faire mourir. C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus ouvertement parmi
les Juifs ; mais il s’en alla dans une région voisine du désert, dans une
ville nommée Ephrem et il demeurait là avec ses disciples.
Leçon de saint Augustin ;
Les Pontifes et les Pharisiens délibéraient entre eux, mais
ils ne disaient pas : Croyons en lui ; ces hommes pervers étaient
bien plus préoccupés de la pensée de nuire à Jésus pour le perdre que des
moyens d’éviter leur propre perte, et cependant ils craignaient et se
consultaient. Ils disaient : « Que faisons-nous, car cet homme opère
beaucoup de miracles ? Si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui, et
les Romains viendront et ruineront notre pays et notre nation. » Ils
craignirent de perdre les biens temporels, et ils ne songèrent pas aux biens de
la vie éternelle : c’est ainsi qu’ils perdirent les uns et les autres.
En effet, après la passion et la glorification du Seigneur,
les Romains leur enlevèrent leur ville qu’ils prirent d’assaut, et ruinèrent
leur nation qu’ils emmenèrent en captivité. Ainsi se vérifia en eux cette
prédiction : « Les enfants de ce royaume iront dans les ténèbres
extérieures. » Ils craignirent que si tous venaient à croire en
Jésus-Christ, il ne restât personne pour défendre contre les Romains la cité de
Dieu et le temple ; car ils pensaient que la doctrine de Jésus-Christ
était contraire au temple, et aux lois données à leurs pères.
« Mais l’un d’eux, nommé Caïphe, qui était le Pontife de
cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien, et vous ne pensez pas
qu’il vous est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple, et non pas que
toute la nation périsse. Or, il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant
le Pontife de cette année-là, il prophétisa. » Nous apprenons ici que même
les hommes méchants peuvent, par l’esprit de prophétie, annoncer les choses à
venir. Cependant l’Évangéliste attribue ce dernier fait à un mystère tout divin ;
car, dit-il, « il était Pontife », c’est-à-dire grand-prêtre.