Mercredi de la Passion (de la 5ème semaine de carême)
Epitre (Lv XIX, 1-2, 11-19 & 25) ;
En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse et lui dit :
Parlez à toute l’assemblée des enfants d’Israël et dites-leur : Je suis le
Seigneur votre Dieu. Vous ne déroberez point. Vous ne mentirez point, et nul ne
trompera son prochain. Vous ne jurerez point faussement en mon nom, et vous ne
profanerez pas le nom de votre Dieu. Je suis le Seigneur. Vous ne calomnierez
pas votre prochain, et vous ne l’opprimerez point par violence. Le salaire du
mercenaire qui vous donne son travail ne demeurera point chez vous jusqu’au
matin. Vous ne maudirez point le sourd, et vous ne mettrez rien devant l’aveugle
pour le faire tomber ; mais vous craindrez le Seigneur votre Dieu, parce
que je suis le Seigneur. Vous ne ferez rien contre l’équité, et vous ne jugerez
point injustement. N’ayez point d’égard contre la justice à la personne du
pauvre, et ne respectez point contre la justice la personne de l’homme
puissant. Jugez votre prochain selon la justice. Vous ne serez point parmi
votre peuple ni un calomniateur public ni un médisant secret. Vous ne ferez
point d’entreprise contre le sang de votre prochain. Je suis le Seigneur. Vous
ne haïrez point votre frère dans votre cœur, mais vous le reprendrez
publiquement, de peur que vous ne péchiez vous-même à son sujet. Ne cherchez
point à vous venger, et ne conservez point le souvenir de l’injure de vos concitoyens.
Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Je suis le Seigneur. Gardez mes
lois, car je suis le Seigneur votre Dieu.
Saint Evangile selon Saint Jean (Jn X, 22-38) ;
En ce temps-là, on célébrait à Jérusalem la fête de la
Dédicace ; et c’était l’hiver. Et Jésus se promenait dans le temple, sous
le portique de Salomon. Les Juifs l’entourèrent donc, et lui dirent :
Jusques à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens ? Si vous êtes le
Christ, dites-le-nous clairement. Jésus leur répondit : Je vous parle, et
vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent
elles-mêmes témoignage de moi. Mais vous ne croyez point, parce que vous n’êtes
pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me
suivent. Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et
personne ne les ravira de ma main. Ce que mon Père m’a donné est plus grand que
toutes choses, et personne ne peut le ravir de la main de mon Père. Moi et le
Père, nous ne sommes qu’un. Alors les Juifs prirent des pierres, pour le
lapider. Jésus leur dit : Je vous ai montré beaucoup de bonnes œuvres,
venant de mon Père ; pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ?
Les Juifs lui répondirent : Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous
vous lapidons, mais pour un blasphème et parce qu’étant homme vous vous faites
Dieu. Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre loi : J’ai
dit : Vous êtes des dieux ? Si elle appelle dieux ceux à qui la
parole de Dieu a été adressée (et l’Écriture ne peut être détruite), comment
dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Tu
blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? Si je ne
fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, et si
vous ne voulez pas me croire, croyez à mes œuvres, afin que vous connaissiez et
que vous croyiez que le Père est en moi, et moi dans le Père.
Leçon de saint Augustin ;
La fête que les Juifs appelaient Encænia était l’anniversaire
de la dédicace du temple. En effet, le mot cænon signifie nouveau. Chaque fois
qu’on inaugure un nouvel objet cela s’appelle ordinairement encaenia, et même
aujourd’hui l’usage a consacré cette expression. Si quelqu’un revêt une tunique
neuve, on dit de lui : encaeniat. Les Juifs célébraient avec solennité l’anniversaire
du jour où le temple avait été dédié et l’on était au jour même de cette fête
quand le Seigneur prononça les paroles qu’on vient de lire.
« C’était l’hiver, et Jésus se promenait dans le temple,
sous le portique de Salomon. Les Juifs donc l’entourèrent et lui dirent :
Jusqu’à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ,
dis-le-nous ouvertement. » Ils ne désiraient point connaître la vérité,
mais ils cherchaient l’occasion de calomnier le Sauveur. « C’était l’hiver »,
et ils étaient froids, car ils ne faisaient aucun effort pour s’approcher de ce
feu divin. Si s’en approcher, c’est croire ; qui croit, s’en approche ;
qui refuse de croire, s’en éloigne. Ce n’est point par les pieds du corps, c’est
par les affections que l’âme se meut.
Ils étaient devenus froids sous le rapport de la charité et
de l’amour, mais ils brûlaient du désir de nuire. Ils étaient bien loin tout en
étant présents ; ils n’approchaient pas de lui en croyant, mais le désir
de le persécuter les amenait à lui. Ils désiraient entendre dire au Seigneur :
Je suis le Christ, et peut-être n’avaient-ils du Christ que des idées toutes
humaines. Les Prophètes ont annoncé le Christ, mais les hérétiques ne
reconnaissent la divinité du Christ ni dans les prophéties, ni même dans l’Évangile ;
combien moins encore les Juifs le reconnaissent-ils, tant qu’ils ont un voile
sur le cœur ?