Textes Carême Vendredi 3e semaine

Textes du vendredi de la troisième semaine de Carême


Epitre (Nb XX, 1, 3 & 6-13) ;

En ces jours-là, les enfants d’Israël s’assemblèrent contre Moïse et Aaron, et ayant excité une sédition, ils leur dirent : Donnez-nous de l’eau, afin que nous buvions. Moïse et Aaron, ayant quitté le peuple, entrèrent dans le tabernacle de l’alliance, et, s’étant jetés le visage contre terre, ils crièrent au Seigneur, et lui dirent : Seigneur Dieu, écoutez le cri de ce peuple, et ouvrez-leur votre trésor, ouvrez-leur la source d’eau vive, afin qu’étant désaltérés, ils cessent de murmurer. Alors la gloire du Seigneur parut au-dessus d’eux. Et le Seigneur parla à Moïse, et lui dit : Prenez votre verge, et assemblez le peuple, vous et votre frère Aaron ; et parlez à la pierre devant eux, et elle vous donnera des eaux. Et lorsque vous aurez fait sortir l’eau de la pierre, tout le peuple boira et ses bêtes aussi. Moïse prit donc la verge qui était devant le Seigneur, selon qu’il le lui avait ordonné, et ayant assemblé le peuple devant la pierre, il leur dit : Écoutez, rebelles et incrédules. Pourrons-nous vous faire sortir de l’eau de cette pierre ? Moïse leva ensuite la main, et ayant frappé deux fois la pierre avec sa verge, il en sortit une grande abondance d’eau, en sorte que le peuple eut à boire, et les bêtes aussi. En même temps, le Seigneur dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous ne m’avez pas cru, et que vous ne m’avez pas sanctifié devant les enfants d’Israël, vous ne ferez point entrer ce peuple dans la terre que je leur donnerai. C’est là l’eau de contradiction, où les enfants d’Israël murmurèrent contre le Seigneur, et où il fit paraître sa puissance et sa sainteté au milieu d’eux.

Saint Evangile selon Saint Jean (Jn IV, 5-42) ;

En ce temps-là, Jésus vint dans une ville de Samarie, nommée Sichar, près du champ que Jacob avait donné à son fils Joseph. Or là était le puits de Jacob. Et Jésus, fatigué du chemin, était assis sur le puits. Il était environ la sixième heure. Une femme de la Samarie vint pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire. Car ses disciples étaient allés à la ville, pour acheter des vivres. Cette femme samaritaine lui dit : Comment vous, qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? Les Juifs, en effet, n’ont point de rapports avec les Samaritains. Jésus lui répondit : Si tu connaissais le don de Dieu, et quel est celui qui te dit : Donnez-moi à boire, peut-être lui aurais-tu fait toi-même cette demande, et Il t’aurait donné de l’eau vive. La femme lui dit : Seigneur, vous n’avez rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où avez-vous donc de l’eau vive ? Êtes-vous plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ? Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif ; car l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. La femme lui dit : Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour puiser. Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici. La femme répondit : Je n’ai pas de mari. Jésus lui dit : Tu as eu raison de dire : Je n’ai pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et maintenant celui que tu as n’est pas ton mari ; en cela, tu dis vrai. La femme lui dit : Seigneur, je vois bien que vous êtes un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites que Jérusalem est le lieu où il faut adorer. Jésus lui dit : Femme, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont de tels adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. La femme lui dit : Je sais que le Messie (c’est-à-dire le Christ) doit venir ; lors donc qu’il sera venu il nous annoncera toutes choses. Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle. Au même instant, ses disciples arrivèrent, et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme. Cependant aucun ne lui dit : Que demandez-vous ? ou : Pourquoi parlez-vous avec elle ? La femme laissa donc là sa cruche, et s’en alla dans la ville. Et elle dit aux gens : Venez, et voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? Ils sortirent donc de la ville, et vinrent auprès de lui. Cependant les disciples le priaient, en disant : Maître, mangez. Mais il leur dit : J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. Les disciples se disaient donc l’un à l’autre : Quelqu’un lui a-t-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé, pour accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : Encore quatre mois, et la moisson viendra ? Voici que je vous dis : Levez les yeux, et voyez les campagnes qui blanchissent déjà pour la moisson. Et celui qui moissonne reçoit une récompense, et amasse du fruit pour la vie éternelle, afin que celui qui sème se réjouisse, aussi bien que celui qui moissonne. Car ici se vérifie cette parole : Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne. Je vous ai envoyés moissonner là où vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leurs travaux. Or beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en lui, sur la parole de la femme qui lui rendait ce témoignage : II m’a dit tout ce que j’ai fait. Les Samaritains, étant donc venus auprès de lui, le prièrent de demeurer chez eux ; et il y demeura deux jours. Et il y en eut un bien plus grand nombre qui crurent en lui, à cause de sa parole. Et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde.

Leçon de saint Augustin ;

Déjà voici le commencement des mystères. Ce n’est pas en vain que Jésus est fatigué ; ce n’est pas en vain qu’est fatiguée la puissance de Dieu ; ce n’est pas en vain qu’est fatigué celui par qui sont recréés ceux qui sont fatigués ; ce n’est pas en vain qu’est fatigué celui dont l’abandon est notre fatigue et la présence, notre force. Jésus cependant est fatigué. Il est fatigué par la route et il s’assied. Il s’assied auprès du puits et à la sixième heure. Fatigué, il s’assied. Toutes ces circonstances suggèrent quelque chose ; elles veulent indiquer quelque chose ; elles stimulent notre attention ; elles nous exhortent à frapper. Qu’il ouvre donc, et pour nous, et pour vous celui qui a daigné nous exhorter, jusqu’à dire : « Frappez et l’on vous ouvrira. »
C’est pour toi que Jésus est fatigué de la route. Nous trouvons Jésus fort et nous trouvons Jésus faible ; fort et faible. Fort, car « au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. » Veux-tu voir combien est fort ce Fils de Dieu ? « Tout a été fait par lui et sans lui, rien n’a été fait » ; et tout a été fait sans peine. Qui pourrait être plus fort que celui par qui tout a été fait sans peine ? Veux-tu le connaître faible ? « Le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous. » La force du Christ t’a créé, la faiblesse du Christ t’a recréé. La force du Christ a fait que ce qui n’était pas, fût. La faiblesse du Christ a fait que ce qui était, ne pérît pas. Il nous a créés par sa force. Il nous a cherchés par sa faiblesse.
Faible, il nourrit lui-même les faibles, comme la poule ses poussins. Cette comparaison vient de lui. « Que de fois, dit-il à Jérusalem, j’ai voulu rassembler tes enfants sous mes ailes comme la poule rassemble ses poussins et tu n’as pas voulu ! » Vous voyez, frères, comment la poule se rend faible avec ses poussins. Nul autre oiseau ne se fait ainsi reconnaître comme mère. Nous voyons certains passereaux faire leur nid sous nos yeux. Tous les jours, nous voyons des hirondelles, des cigognes, des colombes faire leur nid, mais ce n’est que lorsque nous les voyons sur leur nid que nous pouvons constater qu’ils ont des petits. Mais la poule se rend si faible envers ses poussins que même lorsque ses poussins ne la suivent pas, sans voir ses petits, tu comprends néanmoins qu’elle est mère.